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L’Indiade

ou l’Inde de leurs rêves

1987


De Hélène Cixous, mise en scène d'Ariane Mnouchkine, musique de Jean-Jacques Lemêtre, décor de Guy-Claude François, costumes de Jean-Claude Barriera et Nathalie Thomas, masques d'Erhard Stiefel.

Création le 30 septembre 1987 à la Cartoucherie.

89 000 spectateurs.

Une version vidéo du spectacle a été réalisée par Bernard Sobel.

© Michèle Laurent
© Michèle Laurent
© Michèle Laurent
© Michèle Laurent
© Michèle Laurent
© Michèle Laurent
© Michèle Laurent

Tournée

1988 :
Tel-Aviv, Festival de Jérusalem.

Retrouvez le détail de ces dates dans la carte autour du monde

Si vous permettez, je vais vous parler d'amour...

 

Cette pièce est née de l’Inde. Ce n’est pas l’Inde, elle est seulement une molécule indienne, une empreinte de pas.

C’est une pièce sur l’être humain, sur le héros et la poussière, sur le combat de l’ange et de la bête en chacun de nous.

Il y a là toutes sortes de créatures humaines, des anges, des saints, des femmes, des hommes, des petits, des grands. Et les âmes changent de taille selon l’épreuve.

Mais tout ce que cette pièce n’a pu porter sur son dos humain, je n’en finirai pas de le dire.

Il n’y a pas

Les chameaux qui passent comme des rêves

La vache endormie au milieu de la route

Les petits chevreaux de Durgapur qui cabriolent en plein cœur de l’enfer routier

Les vautours sur la coupole du tombeau de Lhodi Garden

Les dormeurs comme des morts innombrables sur le trottoir devant la gare de Calcutta et certains sont morts

Les trois cents affamés se bousculant comme des oiseaux autour de la marmite de soupe à Nizamuddin et qui nous montrent ce qu’est la faim humaine

 

Les rats qui passent à travers les cadences exultantes du Kawali

L’enfant sans jambes qui court comme le vent sur ses béquilles sur l’esplanade du Fort rouge

Les misérables femmes royales qui portent sur leurs petites têtes des pyramides de briques là-haut à la pointe tremblante de l’échafaudage de bambous

Les enfants mystérieusement beaux qui sont comme des larmes tombées des yeux de dieux misérables là-haut

Les corbeaux aussi nombreux que les Indiens

Le passager dans le wagon du train de Bholpur qui demande : et vous, dites-moi, où croyez-vous que Dieu réside ?

Le guru des Bauls dans l’ashram planté parmi les rizières bengalies qui a vraiment compris la pensée de Gandhi

Le très vieil homme assis dans le coin d’une ruelle de Calcutta si petite qu’on ne la voit pas devant une unique boîte de cirage si petite qu’on ne la voit pas, et qui attend qu’un dieu lui envoie un soulier à cirer, cela se produira ou ne se produira pas, et le vieil homme ne mendie pas car il travaille, en attendant, il travaille en attendant personne ou quelqu’un.

Mais tout ce qui n’est pas dit ici, est cependant silencieusement ici, je l’espère. Rien n’est oublié. « Ce qui réellement existe ne peut cesser d’exister »

Tout ce qui ne figure pas ici est devenu la terre murmurante et multitudineuse dans laquelle cette pièce a pris racine et souffle pour s’élever ensuite, pouce par pouce, sur le plateau.

 

Hélène CIXOUS

(Extrait du programme du spectacle)  

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