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  • Guetteurs et tocsin
  • Publication du 06/07/2018

L’homme arabe est un homme humilié

par Wassyla Tamzali 

Tribune parue Dans Le Monde.fr

A l’occasion des Rencontres de Pétrarque, du 9 au 13 juillet à Montpellier, la militante féministe revient sur l’impact du mouvement #metoo sur le monde arabe et la place de la femme dans ces sociétés traditionnelles.

Avocate et ancienne directrice des droits des femmes à l’Unesco, née en Algérie, Wassyla Tamzali prononcera, lundi 9 juillet, à Montpellier, la leçon inaugurale des Rencontres de Pétrarque, organisées par France Culture et Le Monde, dans le cadre du Festival de Radio France, sur le thème « #hommes-femmes : des lendemains qui changent ? ».

Cela fait plusieurs décennies que vous travaillez sur les droits des femmes. Avec cette mémoire et cette pratique qui sont les vôtres, quel regard avez-vous porté sur le surgissement du mouvement #metoo ?

Ce qui a été très frappant, c’est le raz-de-marée des révélations. C’est la question même du surgissement qui mérite d’être posée. Car les obsessions et les violences des maîtres prédateurs étaient plus ou moins connues. Inutile de rappeler ici le travail d’analyse effectué par les féministes sur le harcèlement sexuel, la place centrale qu’occupe ce problème, depuis des années, dans le débat militant et intellectuel, sans beaucoup de résultat. Alors, pourquoi maintenant, et pourquoi à partir de l’affaire Weinstein ? Cela tient sans doute à la qualité de ces actrices mondialement connues qui renvoyaient une image de femmes libres et maîtrisant leur destin.

Le choc des révélations a été à la mesure de cette image brisée. S’en est suivie une avalanche de « sorties du placard », comme on dit à propos du coming out, car c’est bien de cela qu’il s’agit : le dévoilement public d’une « orientation sexuelle » dont on avait honte. Ces femmes qui incarnaient « un destin pris en main par une liberté », comme dit Simone de Beauvoir, n’étaient finalement que des femelles au sens le plus archaïque, soumises à la souveraineté sexuelle masculine ! Nous ne sommes peut-être pas au début de la « révolution copernicienne » appelée de tous ses vœux par l’anthropologue Françoise Héritier, mais rien ne sera plus comme avant. Retrouver l'article sur le site du journale Le Monde

Wassyla Tamzali, Le Monde.fr, 3 juillet 2018
Propos recueillis par Jean Birnbaum