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CE JOUR-LÀ – LE RENDEZ-VOUS DES AMOUREUX


 


 
Août 1995, à Ghazni, dans le jardin d’une maison au clair de lune. C’est la nuit, le grillon chante. Zohra fait la vaisselle près du puit. En arrière-plan, son père est couché, il dort. Surgissant de derrière un petit mur, l’amoureux de Zohra apparaît soudain. Ils se jettent dans les bras l’un de l’autre. Le Père se réveille et appelle :
 
LE PÈRE : Zohra !
 
Pris de peur, le jeune couple se cache derrière le cerisier.
 
LE PÈRE : Apporte-moi de l’eau.
 
ZOHRA : J’arrive mon père.
 
Elle verse de l’eau dans une tasse et apporte la tasse à son père.
 
LE PÈRE : Pourquoi fait-il si chaud ? Que fais-tu si tard dehors ?
 
ZOHRA : Je finis la vaisselle… Ne vous inquiétez pas.
 
LE PÈRE : Fais vite, je n’aime pas quand tu travailles seule la nuit.
 
ZOHRA : Ne vous inquiétez pas, je reviens vite.
 
Elle retourne près du puit, cherche son amoureux qui s’était caché. Ils s’enlacent puis s’embrassent tendrement. Le Père surprend Zohra et Fahim en train de s’embrasser. Il hurle, attrape son poignard caché sous son oreiller et se lance sur l’amoureux qui s’enfuit en sautant par-dessus le mur.
 
LE PÈRE : Salopard ! (Il revient vers sa fille) Qui est-ce ? Dis-le moi, maudite fille ! Que fait-il chez moi ?
 
ZOHRA : Mon père, il n’y a personne avec moi.
 
LE PÈRE : (Il la gifle) Sale menteuse ! Je vous ai vu vous embrasser, et tu me dis qu’il n’y a personne ?
 
Il lui entoure le cou avec la corde du puit.
 
ZOHRA : Nous nous aimons ! Je vous en supplie.
 
LE PÈRE : Garce ! Je suis malade et tu en profites… Et le respect que tu me dois ? Chienne ! Ah ! tu faisais la vaisselle ? C’est plutôt mon honneur que tu souilles !
 
Fou de colère, il la hisse pour la pendre. Zohra hurle et appelle : « Fahim ! Fahim ! ».
Fahim revient sur les cris de Zohra, attrape son corps suspendu pour la soutenir.
 
FAHIM : Pour l’amour de Dieu, laissez-la vivre !
 
LE PÈRE : Sale bâtard, tu as osé venir chez moi !? (Le Père poignarde Fahim qui lâche Zohra et s’écroule. Le corps de Zohra reste suspendu, inerte) Zohra… Zohra ?... Honte à ma vie ! Parle-moi, ma fille ! Ouvre les yeux ! Pourquoi n’as-tu rien dit avant cette nuit-là ? Mon Dieu, tu m’as déchiré le cœur une fois encore ! Hier ma femme, et maintenant mon enfant… Moi aussi je suis mort aujourd’hui ! Viens, mort impatiente ! Emporte-moi avec elles !